Annoncée depuis Février dernier, l’édition MinaLima de Harry Potter à l’École des Sorciers était publiée le 20 Octobre dernier (22 Octobre, en France).

Cette édition illustrée n’est pas la première version qui est proposée pour L’École des Sorciers. Puisqu’en 2015, Jim Kay inaugurait le genre avec sa proposition (suivie de celle du tome 2 en 2016, puis du tome 3 en 2017 et l’an dernier du tome 4). En ce cas, qu’a à nous proposer le duo de graphistes ? Quelles sont les différences avec Jim Kay ? N’y a-t-il pas doublon ?!

Surtout que de l’aveu même de Eduardo Lima, ce livre était une grande responsabilité dans la mesure il est devenu un classique moderne – apprécié par des millions de personnes à travers le monde”.

Maintenant, en connaissant leurs classiques illustrés édités en anglais chez HarperCollins (et dont Flammarion Jeunesse publiera les versions françaises, à commencer ce mois-ci par Le Livre de la Jungle), on sait qu’ils ont l’art et la manière de nous faire redécouvrir les histoires intemporelles et connues depuis des lustres de tous. On ne pouvait donc qu’être impatients et curieux de découvrir leurs réinterprétations de ce premier tome.

Ainsi, après avoir pris le temps de la feuilleter, on vous propose une petite critique de cette édition illustrée et interactive.

Des dimensions et une couverture de qualité

Pour commencer, là où l’édition illustrée de Jim Kay se présentait sous forme d’un livre grand format, cette édition MinaLima se rapproche de la taille des Folio Junior à quelques centimètres près. Cela donne un ouvrage assez volumineux, accentué par l’épaisseur du papier et l’intercalage des éléments interactifs. Faites vous alors une idée de ce à quoi ressembleront les futurs tomes (en particulier les plus conséquents à l’instar du cinquième) ; quand on sait leur intention de les décliner aussi sous ce format (avec d’ailleurs La Chambre des Secrets, annoncée pour l’automne 2021).

 

De plus, si on savait la couverture reliée, contrairement aux éditions illustrées de Jim Kay, il ne s’agit pas d’une jaquette amovible. Ce livre est relié par une technique de reliure cousue (alors que la plupart sont collés). Cela signifie qu’il durera plus longtemps et c’est un point non négligeable pour les collectionneurs.

On découvre alors une couverture en toile texturée imitant le cuir de vieux ouvrages. Ajoutez à cela l’embossage et ses rehausses à la feuille d’or, vous obtenez un bel ouvrage digne de la bibliothèque de Poudlard et qui fera de son plus effet sur vos étagères.

Si on s’y attarde maintenant en détail, il y a pour commencer l’illustration du Trio contemplant un Poudlard qui les surplombe. Par ce biais, MinaLima figure la grandeur du château mais aussi l’émerveillement de ceux qui le découvrent pour la première fois.

Enluminant cette illustration centrale, on trouve une arche art-déco. Elle évoque, selon les graphistes eux-mêmes, une arche de la gare King’s Cross. Dans les entrelacs de celle-ci, plusieurs symboles sont incorporés et sont relatifs au tome lui-même. Parmi eux, on notera par exemple les quatre animaux emblématiques de l’école, la Pierre Philosophale, une Chocogrenouille, un Vif d’Or, une lettre de Poudlard, une pièce d’Échecs, l’oeuf de Norberta (le Norvégien à Crêtes) ou encore une fiole de Potion.

Nota Bene : Au passage, comme l’ont clarifié MinaLima en personne, nous tenions à nouveau à vous assurer qu’en dépit des descriptions et visuels de certains revendeurs en ligne (tel Amazon, pour ne citer que lui) l’édition française de ce livre est également une édition reliée/hardback comme l’ensemble des éditions étrangères.

Les illustrations et graphismes au service du récit

En poursuivant notre découverte du livre, force est de constater que les différents aperçus qui furent dévoilés en amont de sa sortie ne rendaient pas crédit à cet incroyable livre. Bien que déjà très beaux, rien de tel que de les voir sur la page imprimée pour leur donner vraiment vie.

La palette multicolore tourne autour de tons sombres (aubergine, pétrole, vert et bleu saphir dans plusieurs touches), combinés avec des tons de joyaux clairs de rouge, moutarde, fushia et turquoise. Ces couleurs illuminent de façon frappante l’ambiance et complètent le travail au trait audacieux et confiant. Le tout offre un ensemble vibrant, auquel s’ajoutent de nombreux accents en dorure qui sied parfaitement au récit.

L’application de motifs colorée et géométrique (sur certains des éléments distincts, un fond ou un ensemble) donne l’impression d’avoir un effet de papier peint. C’est caractéristique du style des graphistes et ajoute de la fantaisie graphique aux illustrations.

Ensuite, nous remarquons l’attention époustouflante portée aux détails à chaque page. MinaLima aurait pu faire quelques illustrations, les intégrer aux passages opportuns et s’arrêter là, mais – non – ce n’est pas ce qu’ils ont fait.

L’intérieur est empli d’illustrations, allant de petites dessins à chaque numéro de page, par les lettres enluminées au début des chapitres en passant par un certain nombre d’illustrations en pleine page. Même les pages de gardes ont elles aussi eu le droit à un traitement magique et sont semblables à une nuit étoilée émaillée par un Attrapeur en quête d’un Vif d’Or.

Et tous ces éléments de graphisme et illustrations ont été conçus de manière très réfléchie afin de contribuer à la qualité magique de cette édition. L’ensemble est envoûtant. C’est même le type de livre que l’on aime juste tenir et feuilleter. Sans avoir besoin de le lire, à eux seuls ils racontent l’histoire.

Par exemple, sur les double-pages des chapitres, on retrouve l’arche-enluminure de la couverture. Mais surtout, on s’amuse à décrypter les différents symboles qui y sont intriqués et qui font écho aux événements du chapitre à venir (comme notamment celui dans le médaillon au-dessus de la colonne centrale).

Un rappel est également effectué dans les bordures servant à la numérotation de chaque page. Les graphistes sont même pointilleux en en faisant un prolongement des rails sur lesquelles circule le Poudlard Express, le support d’une étagère avec livres, l’alcove des vestiaires du terrain de Quidditch ou encore en les agrémentant de feuilles durant le chapitre au sein de la Forêt Interdite !

Tant qu’on en est aux petits détails, d’autres viennent encore davantage renforcer l’immersion.

On peut ainsi évoquer les innombrables illustrations interlinéaires du livre qui viennent mettre en avant des petits faits anecdotiques de l’histoire. C’est le cas de la farandole de cadeaux de Dudley (il n’y en a bien 37, on les a compté nous-mêmes 😛), la carte postale de l’Ile de Wight envoyée par la tante Marge (qui veut de bons baisers de la soeur de Vernon ?!), le vieux pull-over de Dudley que Harry est obligé de porter (avec ses rétrécissements successifs), les nombreux escaliers de Poudlard (façon escaliers de Pembrose), les chauves-souris d’Halloween, la pile de livres de la bibliothèque (lorsque le Trio cherche des infos sur Nicolas Flamel), la grosse paire de jumelles de Hagrid (lorsque Harry perd le contrôle de son balai) ou encore les pièces des Échecs version sorcier (dont certaines sont mal au point) et l’amoncellement de parchemins (pour les révisions des examens de fin d’année).

Auxquelles s’ajoutent les illustrations qui n’ont plus ou moins pas figuré dans le film :

  • Vernon intrigué par les sorciers célébrant la défaite du Seigneur des Ténèbres,
  • Vernon et Pétunia devant le journal télévisé annonçant les pluies d’étoiles filantes,
  • Mrs Figg donnant à manger à ses chats (qui n’apparaîtra que dans le cinquième film),
  • les lettres de Poudlard glissées dans les œufs (scène présente dans les bonus et la version longue du film),
  • Vernon faisant le pied de grue en sac de couchage devant sa porte d’entrée,
  • Hagrid et Harry prenant le métro (scène présente dans les bonus et la version longue du film),
  • Harry le nez dans ses livres de cours, chez les Dursley en Août,
  • Peeves, l’esprit frappeur (il devrait y apparaître mais il n’en reste que des concepts-art),
  • les Jumeaux Weasley lançant des boules de neige sur le turban du professeur Quirrell,
  • le professeur d’Histoire de la Magie, Mr Binns,
  • et bien d’autres que nous vous laissons découvrir.

Il en va de même pour les parties intertextes présentées dans une mise en page unique et différente du reste. Elles permettent de pimenter le texte et décuplent le charme de l’histoire.Il nous vient notamment à l’esprit la chanson du Choixpeau magique (se déployant dans le ruban haptique du chapeau), l’hymne de l’école (avec les volutes dorés respectant la description), l’énigme des Potions protégeant la Pierre Philosophale (manuscrite) ou encore l’article sur le cambriolage à Gringotts (dans un encadré et typographie gothique) et la présentation de Dumbledore sur sa carte de Chocogrenouille.

On notera également les lettres reçues par Harry qui sont écrites dans diverses typographies (dont certaines sont celles utilisées dans le film).

Pour terminer sur cet aspect, on est encore une fois véritablement surpris par le talent du duo. Alors qu’ils les ont déjà créé pour le film, ils sont parvenus à réinventer et même ré-imaginer le visuel et l’esthétique de certains graphismes : tels que le ticket du Poudlard Express, le blason de Poudlard et les étendards des quatre Maisons (plus sobres et moins héraldiques que dans le film), la forme origamique en grenouille de la carte de Chocogrenouille de Dumbledore ou encore l’aspect du Choixpeau (fait d’un patchwork où on discerne les animaux emblématiques de l’école mais aussi un sanglier ailé) et la forme de la petite clef du coffre-fort de Harry à Gringotts (avec son anneau en forme de grand G surmonté de tête de gobelins, son embase ailée et son panneton qui forme l’initiale des Potter).

Des éléments interactifs ludiques et magiques

Parlons maintenant de ce qui rend cette édition inédite. La partie la plus intéressante et la plus attendue de tous : ses huit éléments interactifs de type pop-up.

À la fois représentatifs de moments forts du livre mais également de détails anecdotiques, ils apportent un aspect indéniablement ludique à la magie de cette édition :

  • la magnifique montre de Dumbledore, avec ses cadrans et aiguilles rotatifs,
  • la lettre de Poudlard, pliée façon origami (écrite dans la typographie du film),
  • le mur se dépliant sur le Chemin de Traverse,
  • la Grosse Dame avec ses yeux suiveurs,
  • le château de Poudlard se déployant, permettant à la fois d’en voir l’intérieur (en plan en coupe) et son enceinte,
  • le banquet de Noël apparaissant depuis le plafond dans la Grande Salle,
  • l’ouverture de la porte sur le plateau des Échecs sorciers géant,
  • la révélation de Voldemort, sous le turban de Quirrell.

On est aussi frappé par un autre détail marquant et révélateur du talent de MinaLima. Au-delà de leur interaction, ces pop-ups sont présentés sur des fonds caractéristiques : l’entrée de la Salle Commune dissimulée derrière le cadre de la Grosse Dame, les pétards de Noël pour le pop-up de la Grande Salle, la cape mauve aux motifs dorés de Dumbledore derrière sa montre ou encore les serpents et la Pierre Philosophale derrière Quirrell.

Ils sont aussi judicieusement intégrés dans le livre, quasiment à parts égales. Notez qu’ils sont présentés avec des inserts cartonnés et/ou du papier de soie. Ceux-ci ont un double avantage : les protéger mais aussi éviter les effets de poinçonnage et de pliage des pages en quinconce.

Pour autant, on doit reconnaître que cette édition n’est pas destinée à toutes les mains. Ces éléments pop-upisés demeurent délicats à manipuler et sont donc davantages adaptés aux adultes et moins aux jeunes lecteurs… Même si on est nous même pas à l’abri d’un incident.

Conclusion

Quelle merveilleuse relecture de ce tome il nous est proposé par cette édition collector. Une immense réussite qui nous procure un émerveillement à chaque page.

Par son style distinctif (avec des illustrations imaginatives aux motifs vibrants, des détails exquis et audacieux, des graphismes en 3D engageants et des astucieux dépliants ludiques), MinaLima recrée cette entrée dans le monde des sorciers comme jamais auparavant. Ils apportent une interprétation fraîche et accrocheuse qui capture l’esprit de ce livre avec un enthousiasme contagieux.

Comme si ce premier tome (et la saga, de manière générale) n’en était pas suffisamment pétri, cette édition illustrée et interactive ajoute indéniablement plus de magie à l’histoire. Elle offre aux nouveaux lecteurs comme aux anciens, une expérience littéraire et visuelle délicieuse.

Pour résumer, c’est est un must-have magiquement magique à ajouter à toutes les bibliothèques.

 

Merci beaucoup à Gallimard de nous avoir fait parvenir cet exemplaire, afin d’en faire la critique.