Comme nous vous l’avions annoncé, le 18 Novembre dernier, les éditions Flammarion Jeunesses ont édité en français le premier des Illustrated Classics (ou Classiques Illustrés) de MinaLima, Le Livre de Jungle.

Si vous avez pu découvrir la superbe édition que ces designers des films Harry Potter et Les Animaux Fantastiques ont offert à L’École des Sorciers, autant vous dire que vous ne serez pas déçu ici. L’intérieur est tout aussi magnifique et conçu avec soin. Ils ont réussi une fois encore à réinventer (voire rendre inédit) un classique littéraire avec leurs illustrations mais aussi leurs éléments interactifs.

Bref, nous vous en proposons une petite critique.

Avant de commencer, je tiens à vous signaler qu’au travers de cette critique, je ne m’appesantirai moins en détails sur cette édition. Dans la mesure où la conception et autres aspects de celle-ci est identique à celle de leur premier tome de la saga Harry Potter, il y a en effet un risque d’être fort redondant.

Quand j’étais enfant (ce qui n’est pas si loin, du haut de mes 30 ans), je me souviens qu’un de mes enseignants de Primaire nous a lu certains contes du recueil des Histoires comme ça de Rudyard Kipling. Pourtant, comme pour beaucoup d’entre nous j’imagine, la plupart des souvenirs de son Livre de la Jungle qui me reviennent en mémoire sont quant à eux davantage issus du dessin animé de Disney plutôt que de sa version livresque…

Raison pour laquelle je ne me suis jamais aperçu qu’il s’agissait en réalité là aussi d’un recueil de sept histoires et qui plus est que seules les trois premières concernaient Mowgli et ses aventures. Merci Disney ! J’ai donc était fort surpris en recevant mon exemplaire en y découvrant pour la première fois une partie des histoires.. D’autant plus que la couverture réalisée par les deux graphistes est trompeuse : elle conforte dans l’idée que ce classique ne traite que de Mowgli et ses amis.

Rassurez-moi, je suis pas le seul à être dans ce cas ?! Pour autant, une chose est sûre : quelle meilleure façon de le faire que par le biais de cette édition encore une fois absolument magnifique, illustrée par MinaLima ?

Comme je le disais, Le Livre de la Jungle est donc en réalité un recueil de sept histoires accompagnées toutes par un poème. Certaines se déroulent dans la Jungle (forêt située dans une Inde de fantaisie, mais colonisée), d’autres en Alaska et nous proposent de suivre les histoires d’animaux anthropomorphisés typiques du pays confrontés aux hommes. De manière assez semblable aux Fables de La Fontaine, ces histoires se veulent moralisatrices.

On commence ainsi par les trois premiers contes. Ce sont ceux qui narrent les aventures de certains des personnages les plus charmants et les plus inoubliables de la littérature : le petit d’homme Mowgli, la panthère noire Bagheera, le sage ours brun Baloo, l’impitoyable tigre boiteux Shere Khan et le python hypnotique Kaa. J’ai beau connaître leurs aventures grâce à leurs différentes adaptations, MinaLima a ce merveilleux don de nous en livrer une vision propre et inédite.

Viennent ensuite les quatre autres qui, je le rappelle, sont une découverte parce que je ne les connaissais pas du tout.

  • À commencer par “Le Phoque Blanc” où il est question du voyage d’un phoque blanc appelé Kotick qui va se mettre martel en tête de trouver un foyer sûr pour son peuple après avoir assisté au massacre de ses congénères par des humains.
  • Puis RikkiTikkiTavi qui est le récit de la bataille d’une intelligente et courageuse mangouste nommée Rikki-Tikki-Tavi (adoptée par une famille britannique) contre un couple de mortels cobras royaux Nag et Nagaina.
    • Oui, nous avons là, la source d’origine de Miss Rowling pour le serpent Nagini.
  • Ensuite nous avons Toomaï des Éléphants” où on suit un petit cornac du nom de Toomaï en quête de la magie des éléphants et qui aura la chance d’assister à leur fameuse Danse.
    • Et qui, je pense, a dû inspirer les scènes avec les éléphants dans l’adaptation en live-action de Netflix, Mowgli, la Légende de la Jungle.
  • Enfin, nous avons “Service de la Reine” qui traite des différentes façons dont les animaux ont étaient utilisés durant la guerre.

Si ces récits ne suffisaient pas à me faire voyager, les somptueuses illustrations aux notes tantôt sombres, tantôt lumineuses voire affirmées dépaysent encore plus ! Les couleurs sont utilisées de manière démesurée, joyeuse et tapageuse. MinaLima use et abuse de toutes les nuances et chatoiements de la palette indienne polysémique (avec des notes de vert, de bleu, de rouge, jaune, orange, ocre, terre) et même flashies (notamment le rose fushia).

En plus de la couleur, le duo de graphistes a également puisé dans les motifs riches  aux teintes brillantes de l’iconographie indienne : faites de fleurs stylisées figurées sans profondeur et en deux dimensions mais aussi de tiges ondulantes, de géométrie de végétaux au naturel ou imaginaires. On retrouve ce souci du détail dans l’enluminure ornementale des poèmes avec des imprimés à effet textile.

L’ensemble m’a transporté au cœur de cette Jungle indienne auxquelles elles siéent parfaitement. Ce ressenti est accentué et magnifié par les neuf éléments interactifs disséminés dans l’ouvrage.

Je pense notamment à la carte de la ville indienne perdue où Mowgli est emporté par les singes, au triptyque détaillant les Lois de la Jungle, à l’hypnotique danse du python Kaa, au kidnapping de Mowgli par le clan de singes des Bandar-log, au cadran rotatif de la fameuse Danse des Éléphants ou encore à la carte de l’itinéraire emprunté par Kotick dans sa quête de trouver un nouveau foyer et au dépliant du jardin du bungalow de la famille adoptive de Rikki-Tiki-Tavi toisé par le couple de cobras.

Pour conclure, voici encore un classique de la littérature superbement revisité avec ingéniosité. MinaLima a contribué à cette double (re-)découverte en ce qui me concerne : me rendre inédites les aventures de Mowgli et me faire connaître les quatre autres histoires. Un must-have qui fait du bel effet dans ma bibliothèque.
Il me tarde de pouvoir découvrir les autres versions françaises de ces superbes éditions minalimiennes. D’ailleurs, une des huit autres est déjà annoncée pour 2021. Si Flammarion conserve encore le secret sur le titre de la prochaine, les pronostics sont ouverts pour celle de Peter Pan.

En attendant, vous pouvez acquérir les versions originales à ce lien.

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