Après avoir assister à la rencontre publique à la librairie Ici Grands Boulevards le 18 Novembre dernier, UHP (en la personne de Laetitia) a eu le plaisir de retrouver MinaLima ce 19 Novembre 2021 pour une rencontre presse, dans l’atmosphère plus intimiste du café de l’hôtel Panache à Paris.
A son arrivée, elle s’est vu remettre un flyer de présentations des graphistes et offrir un exemplaire de leur édition française du Magicien d’Oz accompagné d’une boite de chocolat. De quoi bien patienter avant leur venue.
Aux côtés d’Eduardo Lima et Miraphora Mina, c’est cette fois la journaliste spécialisée dans la Littérature Jeunesse Lucie Kosmala qui posait les questions tandis que l’autrice et traductrice Faustina Flore jouait les interprètes. Retrouvez, ci-dessous, le transcrit de cette rencontre hors du temps !
Quel genre d’enfants étiez-vous ?
Eduardo Lima : Espiègle, malicieux.
Miraphora Mina : Vilaine, coquine et curieuse également.
Eduardo : Quand j’étais enfant j’étais sûr que j’allais devenir réalisateur, inventer des histoires, créer mon univers. J’adorais créer des mondes, des boutiques, des magazines, des lettres… Et quand j’ai rencontré cette femme pour la première fois…
Miraphora : Eh bien je faisais la même chose de mon côté à Londres, cela n’a rien d’étrange mais c’est rassurant de voir que l’on était déjà connectés étant enfant en faisant les mêmes choses chacun de notre côté.
Eduardo : Alors évidemment en travaillant sur les films je ne suis pas devenu réalisateur mais graphic designer, mais maintenant avec ce que l’on fait c’est presque comme être réalisateur. Et à un moment j’ai vraiment pensé que j’allais être astronaute car j’étais fasciné par l’espace mais maintenant je me rends compte de combien l’espace est effrayant.
Miraphora : C’est vraiment un rêve de petit garçon.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire une carrière dans l’artistique ?
Miraphora : Pour moi c’était une évidence et non pas vraiment un choix. J’ai été influencée par mes parents qui eux-mêmes sont des artistes. J’ai grandi dans une famille d’artiste donc pour moi la question ne se posait pas.
Eduardo : Alors que moi je n’ai pas du tout grandi dans la même famille qui était très terre à terre, mais deux films m’ont donné envie de travailler dans l’univers du film : E.T et un film franco-italien (Ndlr : je n’ai pas retenu le titre, désolée). Mon père me conseillait de faire avocat ou un autre travail qui me permettrait de gagner de l’argent mais quand il a vu que je travaillais sur Harry Potter et l’ampleur que cela a pris, il était évidemment très fier.
Vous souvenez-vous de votre première création ?
Miraphora : J’avais à peu près dix ou onze ans, c’était aux alentours de 1970 (Ndlr : s’adresse à nous en plaisantant sur le fait que nous n’étions pas encore né-e-s) et j’avais de très bons professeurs. Un professeur en particulier nous avait mis un disque de David Bowie et nous avait donné tout un tas de papier et nous devions créer comme cela nous venait et laisser aller notre imagination et cela était très libérateur et agréable de juste laisser venir les choses et s’exprimer pleinement.
Eduardo : C’était quand j’ai rencontré une certaine Virginie (Ndlr : je n’ai pas compris le nom de famille, mais Faustina non plus ^^) qui faisait du montage. Je suis devenu son assistant et l’ai aidé à créer le poster du film, poster que j’ai toujours en ma possession.
Est-ce que vous vous trouviez doués à l’époque ?
Miraphora : (Ndlr : plaisante immédiatement en déclarant) « Vous ne pouvez pas demander cela à un britannique ». Les gens autour de moi disaient que oui.
Eduardo : (Ndlr : réagit à la plaisanterie de Miraphora) Moi je suis brésilien alors je peux donc dire que je l’étais.
Comment en êtes-vous arrivés à travailler sur les livres Harry Potter ?
Eduardo : Vous savez, l’expérience Harry Potter est exceptionnelle en tout point mais ce qui est encore plus important que tout ce que j’ai vécu dans cette aventure c’est ma rencontre avec Miraphora. Elle est devenue ma partenaire, ma meilleure amie et ma famille.
Miraphora : Oui c’est vrai, et le sentiment est partagé.
Votre première rencontre ?
Eduardo : C’est Virginie qui m’a mis en contact avec Miraphora, elle m’a donné son numéro en me disant qu’elle travaillait sur l’histoire d’un « jeune sorcier quelque chose comme ça », personne ne le connaissait à l’époque. Après quelques mois, elle travaillait déjà sur le deuxième volet. Entre nous, ça a tout de suite matché.
Miraphora : Il est vrai que cette année est particulièrement spéciale pour nous car c’est l’anniversaire de notre rencontre et la sortie du deuxième volet en livre est encore plus spéciale puisque c’est sur le tournage du deuxième film que nous nous sommes également rencontrés. Cela a donc deux fois plus de sens pour nous, la sortie de ce deuxième livre, cette année du vingtième anniversaire.
Comment avez-vous réagi à votre première lecture ?
Miraphora : Eh bien nous avons eu une expérience différente de la vôtre, nous le l’avons pas découvert de la même façon car notre première lecture a été à travers les scénarios des films et non les livres eux-mêmes, il s’agissait donc d’une expérience professionnelle. Par la suite évidemment je suis devenue fan.
Eduardo : Quand Miraphora m’a donné la chance de pouvoir travailler sur Harry Potter, j’ai alors couru vers la première librairie t ai acheté tous les livres disponibles et je suis devenu fan immédiatement.
Miraphora : Seulement trois livres étaient sortis à cette époque donc nous n’avions pas encore une vision d’ensemble comme on l’a maintenant.
Quelles sont vos maisons ?
Eduardo : Serdaigle.
Miraphora : Poufsouffle.
Où trouvez-vous vos inspirations ?
Miraphora : Bien qu’il s’agisse d’une histoire contemporaine, nous nous inspirons de plusieurs époques en fonction de ce qu’il se passe et des émotions représentées. Par exemple au moment où la Gazette du Sorcier commence à devenir totalitaire, nous nous sommes beaucoup inspirés des journaux soviétiques.
Eduardo : J.K. Rowling a elle-même dit que Harry Potter était un mélange de référence diverses et variées alors nous essayons de nous adapter. Des personnes viennent nous voir pour nous dire qu’ils sont devenus graphistes grâce à nous et nos travaux qui les ont inspirés et nous sommes toujours très émus de l’entendre et d’inspirer à notre tour.
Miraphora : Nous avons eu de nombreuses opportunités de réécrire et représenter l’histoire que ce soit dans les films, dans les parcs à thème, les objets et maintenant les livres. Nous avons pu mettre à profit nos inspirations de différentes façons sur des supports différents.
Eduardo : Et les bonnes histoires unissent les personnes. Quelle que soit l’histoire, de Peter Pan à Harry Potter, on trouve des gens qui nous ressemblent et cela nous unifie.
Quel est votre rapport aux livres ? Les gardez-vous précieusement ? Les prêtez-vous ?
Eduardo : Nous sommes de vrais bibliophiles (Ndlr : « book geeks ») mais nous n’avons pas le temps de lire tous les livres en notre possession. (d’un air amusé) Mais si un jour vous nous laissez prendre notre retraite nous pourrons peut-être enfin les lire (rires).
Miraphora : On a une quinzaine de personnes qui travaillent avec nous et on les encourage à regarder les livres et pas sur internet. Nous avons des choix très éclectiques de choses qui nous inspirent et nous informent. Et l’on a aussi besoin de faire des recherches pour faire les illustrations (sur telle ou telle époque par exemple).
Eduardo : Mais oui, les livres sont des trésors pour nous. Si quelqu’un prend un livre d’une étagère et ne le remet pas à sa place, cela est embêtant.
Miraphora : (Ndlr : en plaisantant) On les protège avec un enchantement.
Eduardo : (Ndlr : plus sérieusement après des éclats de rires de la foule) On adore aussi sauver des livres dans les brocantes, quand je vais aux brocantes et que je vois de beaux livres en cuir avec des écritures dorées et que je vois qu’ils les vendent à même pas un euro (Ndlr : en faisant une tête d’effroi), il faut qu’on les sauve.
Étiez-vous déjà bien familiarisés avec les livres pop-up avant de vous y mettre à votre tour ?
Miraphora : Il ne s’agit pas d’une de nos passions initialement mais il est vrai qu’il existe de vrais artistes pop-ups qui sont même des architectes du carton. Il s’agissait surtout pour nous de trouver un moyen de marier ce que l’on avait créé dans le film avec ce que l’on trouve dans les livres. Il s’agissait d’un véritable défi de recréer visuellement dans un livre les éléments importants.
Eduardo : Et puis le procédé est différent. Dans un film il ne faut pas trop s’attacher à ce que l’on a créé car cela peut être coupé au montage. Avec le livre c’est différent, c’est nous qui choisissons ce que l’on représente et comment, nous avons donc plus de contrôle. Mon rêve serait de faire un film uniquement avec du graphisme.
Miraphora : On s’est lancés dans cette aventure en commençant avec Peter Pan, (Ndlr : en plaisantant), et on n’avait pas prévu d’avoir plein de bébés par la suite. On a essayé de ne pas suivre les pistes des autres illustrateurs afin de donner note propre vision et interprétation. Maintenant ce que nous espérons c’est que quand une personne voit notre dernier livre Le Magicien d’Oz, il ne pense pas à l’univers des films ou d’illustrateurs précédents mais bien qu’il se dise tout de suite « ceci est l’univers de MinaLima ». Nous espérons avoir apporté notre marque de fabrique.
Eduardo : Nous en sommes désormais à 8 livres, mais on ne peut pas vous dire quel est le prochain pour le moment.
Miraphora : Nous décidons ensemble de ce que nous allons illustrer dans le livre en imaginant les sentiments, les sens et les réactions que celles-ci peuvent produire et à ce que nous voulons produire comme émotion. Nous voulons provoquer une réaction et que le lecteur s’amuse, ou s’étonne, s’émerveille.
Quel est votre prochain défi ?
Eduardo : Nous aimerions créer une histoire, pas un roman comme Harry Potter et la Coupe de Feu, pas quelque chose d’aussi long, mais créer une histoire que ce soit en livre ou même un film d’animation.
Comment avez-vous créer le Retourneur de Temps ? (posée par une des convives)
Eduardo : (Ndlr :en rigolant) Il devrait exister pour de vrai !
Miraphora : (Ndlr : continuant la blague) Mais c’est déjà le cas ! Je l’ai utilisé pour retourner à Notting Hill. (Ndlr : plus sérieusement après avoir tous ri) Pour le Retourneur de Temps c’est le seul objet pour lequel notre première idée était la bonne. Quand nous travaillons sur les films, nous communiquons évidemment avec tout le monde, le réalisateur etc, mais les idées initialement viennent de nous deux, tout part de nous deux et ensuite on apporte les modifications nécessaires.
Quel est votre objet préféré parmi tous ceux que vous avez créés ? (posée par un autre convive)
Eduardo : Nous disons toujours les deux mêmes mais j’insiste sur le fait que cela nous empêche d’en mentionner qui sont tout aussi exceptionnels. En ce qui me concerne j’ai vraiment adoré être le rédacteur en chef de la Gazette du Sorcier.
Miraphora : Pour moi c’est la Carte du Maraudeur, car il y avait tellement de détails à incorporer dedans.
Avez-vous prévu d’illustrer Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban à l’instar des deux précédents ? Et pouvez-vous nous donner quelque détail ou information sur LesAnimaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore ? (mes questions)
Miraphora : (Ndrl : en plaisantant) Alors pour répondre à la deuxième question, vous savez que nous devrions tous vous tuer sur le champ si nous dévoilions quoi que ce soit.
Eduardo : (Ndrl : amusé) Le film sort en Avril cependant. Pour Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban nous ne savons pas.
Miraphora : En fait, nous sommes sollicités livre par livre donc nous ne savons pas à l’avance si nous allons pouvoir faire les prochains volets mais nous espérons vraiment. (Ndlr : en plaisantant) Cela va donc dépendre du succès que le numéro 2 aura auprès de vous j’imagine.
Nous renouvelons une fois de plus nos remerciements envers Flammarion Jeunesse et Gallimard pour cette magnifique opportunité. Mais également MinaLima pour leur bienveillance, leur humour et leur patience à notre égard.
Par ailleurs, si vous n’avez pas pu vous rendre à la rencontre à la librairie Ici Grands Boulevards, vous pouvez retrouver notre compte-rendu ICI.